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« Monsieur Mitterrand, vous n’avez pas le monopole du coeur. » Cette apostrophe, lancée au cours d’un célèbre débat politique, est significative du poids des sentiments dans la vie publique. Myriam Revault d’Allonnes, enseignante, philosophe, auteure d’analyses sociopolitiques (D’une mort à l’autre. Précipices de la Révolution, N.B. août-sept. 1989), étudie ce phénomène pour en tirer les conséquences pratiques. Son court essai fait référence aux analyses historiques d’Aristote, Rousseau, Tocqueville, Hannah Arendt, notamment. Il distingue compassion – partage de la peine d’autrui – et pitié – sentiment plus distancié. Il approfondit la notion de pauvreté – insuffisance des ressources et honte de cet état. Ces distinctions permettent de mesurer les réactions possibles face au faire-valoir télévisuel (Abbé Pierre, tsunami, Enfants de don Quichotte) et de séparer les attentes d’une politique rationnelle à long terme des réactions à chaud de l’opinion publique. Malgré sa lecture ardue, ce texte, un peu trop abstrait face aux fins pratiques pouvant en être tirées, est d’un réel intérêt.