Deux écrivains blessés le même jour aux Eparges, en mars 1915, ont de la guerre une vision diamétralement opposée. Pour Ernst Jünger, auteur de Orages d’acier, la guerre est « plus grande que les hommes ». Au contraire, dans Ceux de 14, Maurice Genevoix veut espérer que « les hommes sont plus grands que la guerre ». La guerre, à la fois grande et abominable, qui exalte l’homme mais enfouit sa chair dans la boue et le sang, n’épargne rien et détruit la nature sous un déluge de fer et de feu. L’auteur entreprend une longue méditation sur la place de l’homme dans la guerre. Nourrie de très nombreuses citations, cette analyse comparative alimentée par l’expérience quotidienne de la mort, de la peur mais aussi du courage et de l’héroïsme dans l’ivresse du combat, incite à une profonde réflexion. Cependant l’importance des thèmes abordés, les nombreuses références allant d’Homère à Simone Weil et l’idée même de rapprocher dans une lecture croisée deux écrivains qui ont sur l’homme dans la guerre une approche différente, demandent au lecteur une attention soutenue.
L’homme dans la guerre : Maurice Genevoix face à Ernst Jünger
MARIS Bernard