Le libéralisme économique, théoriquement inséparable des principes démocratiques, proclame les vertus du marché. La « main invisible » (Smith) contraindrait l’individu à satisfaire l’intérêt général. Mais l’expérience prouve que le capitalisme ne profite pas de manière équitable à tous et que les mécanismes autorégulateurs peuvent s’enrayer. Pendant les Trente Glorieuses, la mise en place de l’État-Providence et le pilotage keynésien de l’économie assurent la prospérité de l’Occident. Mais dès les chocs pétroliers, la révolution conservatrice rend l’intervention de l’État responsable des problèmes économiques. Et la chute du communisme fait perdre toute prudence aux ultralibéraux triomphants qui dérèglementent et privatisent… Généticien, essayiste, Axel Kahn (L’homme, ce roseau pensant… Essai sur les racines de la nature humaine, NB avril 2007) fait une synthèse remarquable des théories libérales dans leur contexte historique, de leurs lointaines racines à la dérive intégriste actuelle, immorale et mortifère : la cupidité est devenue le seul moteur de l’activité, l’économie mondiale dérégulée court au chaos. Cet ouvrage clair, accessible, est un appel urgent à réhabiliter une éthique parfois occultée par la doctrine classique. Notre objectif est le bien commun. Or seules les instances démocratiques peuvent veiller à le préserver. À nous de jouer.
L’homme, le libéralisme et le bien commun
KAHN Axel