L’Homme que je fus

ABI SAMRA Mohamed

Ce roman, le seul traduit en français de cet écrivain libanais également journaliste, raconte le retour au pays d’un exilé obsédé par son passé, incapable de vivre le présent. Venu d’un quartier misérable de Beyrouth dont les habitants souffrent d’être déplacés, subissent le poids des coutumes, le narrateur, maltraité par une mère irascible et grossière, quitte à vingt ans le Liban pour Lyon. Il y vit pendant dix-sept ans, d’abord étudiant, puis marié avec enfants, sans jamais trouver sa véritable identité. D’innombrables digressions et retours en arrière évoquent sa solitude, sa jeunesse, ses frustrations sentimentales, soulignant la dureté de la vie au Liban, l’atmosphère pesante, la violence des moeurs.  Pour l’homme écartelé entre deux cultures, le séjour à l’étranger ne libère pas du fardeau des origines. Des qualités d’introspection indéniables, une belle écriture, des récits imagés et réalistes, compensent la charge inouïe contre la mère, les difficiles repérages entre France et Liban, hier et aujourd’hui. L’étude des mentalités est précise, la douleur patente et les expériences amoureuses sont décevantes.