Nous les avons tous rencontrés un jour ou l’autre au hasard d’une rue ou d’une réunion : ce sont les grands timides, les délirants, les rieurs, les mal élevés ou les mal aimés. C’est ce gardien du Louvre qui raconte sa stupéfaction à voir s’arrondir le ventre de la Joconde ; cet homme qui court après son nez quand celui-ci découche pour mener sa vie ; cet autre, l’homme-au-visage-fendu depuis que le vent hors de ses gonds a chamboulé le monde ; c’est Marc-Aurèle qui découvre, bien marri, qu’il n’est que remplaçant… Dix-sept courtes nouvelles, moins en quête de chute que d’une grande diversité d’approche de la comédie humaine, graves, grinçantes ou émouvantes. Autant d’occasions d’exercer un style ajusté au sujet, au « caractère », servies par une écriture gaiement ponctuée de clins d’oeil littéraires : Gogol pour la nouvelle-titre, mais d’autres encore. Virtuose de tous les registres, du burlesque, du réalisme de terroir, du cocasse, bouleversant au besoin la structure de l’alinéa ou la ponctuation, l’auteur embarque ceux que n’effarouche pas l’absurde dans une lecture certes inégale mais réjouissante. L’humour est ici le maître-mot. (R.F. et C.B.)
L’homme qui courait après son nez
CAHEN Gérald