L’homme qui pleure de rire

BEIGBEDER Frédéric

Octave Parango doit livrer sa chronique humoristique sur la radio France Publique. La veille il erre à son habitude dans Paris, écume ses boîtes et bars favoris. Mais il croise la colère des gilets fluo, et leur mouvement révolutionnaire ébranle ses certitudes d’enfant gâté. Il comprend que la dérision dont il faisait son emblème peut être finalement bien pitoyable.

Dans le troisième opus de la vie d’Octave Parango, son double littéraire, Frédéric Beigbeder ne s’épargne pas. Après la satire de la publicité, puis de la mode, il s’attaque aux médias. Comme toujours il s’appuie sur son expérience personnelle ; sa critique de la matinale à France Inter est précise et acerbe. Mais au-delà de ce microcosme, il donne une peinture de notre société depuis les trente dernières années où la dictature du rire a émoussé les valeurs, et où la technologie a remplacé les désirs et les contacts humains. S’il aborde encore ses thèmes fétiches de la vie nocturne borderline, Beigbeder semble plus mûr et enfin apte à un bonheur simple et familial. Certaines pages sont absolument géniales d’humour et de justesse. « Neo décadent », bien ancré dans sa génération, cultivé, c’est un auteur corrosif mais sincère. (B.Bo. et E.L.)