L’homme sans sourire

LOUIS, HIRLEMANN Stéphane

Le Royaume est en danger ! Le monde du Roi Joyeux est frappé par une lutte intestine au plus haut de la tête. Son frère Fol Espoir veut lui barboter son trône, et changer toutes les habitudes des sinistres, pauvres hères trimant pour le plus grand bonheur des humeurs de la haute. Et au centre de tout cela, Carmine, la fille de Joyeux, folle princesse avide d’expériences étranges et de changement permanent. Et puis Hubert, un sinistre heureux, qui aime à rire sous cape de tout et prend la vie avec ruse et calme. Le combat entre les frères royaux prend corps dans le complot et les plans machiavéliques, faisant de Carmine le pion de cette mascarade, pion ayant une fâcheuse tendance à se déplacer comme un fou sur l’échiquier. Hubert aime Carmine, l’adule même et l’aidera dans cette aventure intime et baroque, si ce n’est burlesque.

La narration en vers – oui oui, en vers ! – frisant la pédanterie et la brisure permanente du quatrième mur, sert élégamment le récit qui se montrera bien plus tragique que cette comédie finement dessinée. Le style est un mélange entre de l’Art-déco et les exagérations urbaines des œuvres comme Brazil ou de la série de L’Incal. Le tout délicatement adouci par les trognes baroques et mignonesques des protagonistes. Le titre et l’horrible défiguration de Hubert rappellent sans nul doute l’Homme qui rit de Victor Hugo, dont les thèmes sur la critique sociale, la révolution, les personnages caricaturaux emblématiques sont particulièrement présents dans l’Homme sans sourire. A lire et à relire une fois avéré le grand complot de la dernière double page.

(PD)