Comment dire et transmettre notre identité, quand immigration et Internet – évolutions socioculturelles majeures – suscitent tant d’émotions ? Le respect de l’égalité et des libertés individuelles, hérité des Lumières, et les leçons de notre histoire accordent à la diversité une légitimité indispensable. Mais, en s’érigeant en modèle unique de pensée, cet héritage nous laisse démunis face à des formes agressives d’idéologie religieuse et de communautarisme et affaiblit lui-même les principes qu’il est censé protéger. Et le passé en tant que référence est rejeté. Quand l’écran remplace le livre, les nouvelles technologies acquièrent un pouvoir trompeur qui dilue la culture dans un flux d’informations sans hiérarchie. Ces façons de nous déprendre de nous-mêmes induisent des freins, des impasses et des contradictions de la pensée et de l’action. Alain Finkielkraut (Et si l’amour durait, NB novembre 2011) explore brillamment, en s’appuyant sur des exemples concrets, une question courageuse et provocante qui invite à la réflexion, non sans laisser un arrière-goût de malaise.
L’identité malheureuse
FINKIELKRAUT Alain