Lignes de fuite

HARVEY John

Karen Shields, inspectrice d’origine jamaïcaine, enquête sur la mort de Petru, jeune Moldave retrouvé dans la glace d’un étang à Londres. Bien que les indices se multiplient indiquant qu’il était en situation trouble voire irrégulière, aucun mobile valable n’implique ses proches, sa fiancée secrète, ses amis. D’autres morts surviennent sans lien apparent. Par ailleurs Trevor Cordon, mis au placard en Cornouailles, recherche à Londres Laetitia, à la demande de sa mère. Il avait pris sous son aile la jeune femme lorsqu’elle était une adolescente de quatorze ans « camée » et prostituée. Ce nouveau roman de l’auteur intarissable qu’est John Harvey (Cold in Hand, NB février 2011) met en scène de nouveaux inspecteurs. Sur fond de jazz, habilement construit et mené, le récit croisé de l’enchevêtrement des intérêts et des indices laissés par de multiples comparses est, comme toujours, élégant et riche d’observations fines. L’auteur séduit par sa culture musicale, sa fausse désinvolture empreinte d’une réelle empathie pour la détresse et la complexité affective de ses héros. Le lecteur n’est pas insensible à la vérité humaine de ces personnages pourtant assez classiques, mais il reste sur sa faim à distance de son émotion. Ambiance et suspense ne sont pas vraiment au rendez vous.