Une agression sanglante a coûté la vie à un habitant d’Entry Island, île anglophone de l’archipel québécois de La Madeleine. Parce qu’il parle anglais, la police de Montréal envoie l’inspecteur Sime Mackenzie interroger les témoins. Devant Kirsty Cowell, veuve de la victime et principale suspecte, Sime ressent l’impression irrationnelle de la connaître depuis très longtemps. Au cours d’insupportables insomnies, il se souvient que sa grand-mère lui lisait les mémoires d’un ancêtre écossais dont il porte le nom, émigré au Canada au XIXe siècle. Après un détour par la région Midi-Pyrénées (Terreur dans les vignes, NB juillet-août 2014), Peter May revient aux froides et rudes Hébrides, cette fois dans le passé, combinant le parcours déchirant des paysans écossais, réduits à la misère et expulsés de leurs îles vers 1850, avec une intrigue policière actuelle située au large de Québec. L’auteur compose un alliage surprenant et réussi, mélangeant deux histoires, deux époques, deux continents, deux genres où le romanesque supplante de beaucoup l’intrigue policière. Au centre de cette construction, la personnalité complexe du personnage-pivot, enquêteur insomniaque à la sensibilité exacerbée par ses problèmes affectifs, entraîné dans une recherche personnelle qui contrarie son sens du devoir. Original, instructif, distrayant et émouvant.
L’île du serment
MAY Peter