Anne, jeune femme tourmentée, pianiste exigeante, fuit Bruxelles, se croyant pourchassée par des juges qui lui nieraient tout talent. Elle s’installe à Séville, renonce au piano et enseigne le français. Mais la musique, plus précisément celle d’un concerto de Prokofiev, ne cesse de résonner en elle. Elle parvient peu à peu à se dégager de ses obsessions, épaulée par des appuis inattendus.
Ce premier roman d’une jeune auteure belge laisse pressentir un joli talent. La phrase souffre souvent de quelques longueurs, les mots se bousculent un peu, mais cette fougue parfois maladroite, ce rythme haché s’accordent à la complexité de l’héroïne et soulignent ses emportements. Son équilibre fragile, sa recherche lancinante de la perfection sont rendus avec justesse. Séville, sinueuse, mystérieuse, offre le refuge idéal à cet esprit inquiet qui se laisse dériver au long de ses ruelles, porté par les mesures du concerto.
S.B.