Ayant quitté la Kabylie en 1956, Karim a épousé Ana, venue de Malaga pour fuir le franquisme… Elle est concierge dans le XIe arrondissement de Paris. Ils souhaitent que leur fille s’élève socialement par son travail. Au fil des jours, en dépit de sa réserve et de son mutisme, Karim se montre très proche de sa fille alors qu’Ana, beaucoup plus exubérante et dure, n’attend que la mort de Franco pour rentrer chez elle. À la mort de son père, sa fille entreprend de retrouver sa propre histoire.
Dans un roman très proche d’une autobiographie, l’auteure nous propose une relation extrêmement fluide et magistralement écrite de la vie quotidienne d’une famille réfugiée en France, de ses espoirs et de ses épreuves, dans laquelle l’amour reste discrètement toujours présent. Dans ce texte très vivant, embrassant une vaste période qui va de la Deuxième Guerre mondiale à aujourd’hui, le rythme des jours est raconté dans une succession de scènes, d’oppositions ou d’épisodes qui sont autant de coups de projecteurs. Le lecteur aimera Matida, la grand-mère espagnole atteinte de la maladie de Parkinson, souffrira avec le père confronté à des choix radicaux, vivra les difficultés et les décisions imposées, et goûtera les marques d’estime et d’amitié. Il découvrira surtout l’entraide, la dignité et le courage qui unissent bien souvent ces nouveaux Français auxquels les soubresauts de l’Histoire ont ôté toute possibilité de retour. (J.M. et B.T.)