NĂ© en 1921 dâune mĂšre aliĂ©nĂ©e, enfant maltraitĂ©, adolescent exaltĂ© et lecteur boulimique, Enric Marco, pour Ă©chapper Ă une terne vie de mĂ©canicien, se fabrique un destin. Avec un passĂ© inventĂ© dâanarchiste, de combattant anti franquiste, de rĂ©sistant au nazisme et de dĂ©portĂ©, il devient Ă la fin de la guerre un hĂ©ros national incontournable en Catalogne. Mais en 2005, un jeune historien dĂ©masque lâimposture et le scandale est Ă©norme. Javier Cercas sâempare de cette histoire vraie, consulte tĂ©moins, archives, faits historiques : la permĂ©abilitĂ© mensonge-vĂ©ritĂ© lâenserre dans ses propres contradictions et en fait le deuxiĂšme personnage du rĂ©cit. « La fiction sauve, la rĂ©alitĂ© tue » pourrait constituer le thĂšme de ce roman dense, oppressant, parfois chaotique. Par un jeu de miroirs, de mise en abyme, exercice ardu et Ă©blouissant, le romancier oscille entre rĂ©pulsion et fascination, construit et dĂ©construit les situations. Peut-on sans se mentir raconter lâhistoire dâun menteur ? Comprendre, nâest-ce pas excuser ? Cervantes et son Don Quichotte participent Ă sa rĂ©flexion. Dâune Ă©criture classique, Javier Cercas (Les lois de la frontiĂšre, NB fĂ©vrier 2014) restitue les jours sombres de lâEspagne, disserte sur la mĂ©moire historique manipulĂ©e par un affabulateur narcissique et traite avec talent de la crĂ©ation littĂ©raire. (A.C. et M.S.-A.)
L’imposteur
CERCAS Javier