Ce portrait d’une famille se dessine entre larmes et rire, un rire parfois bien pire que des larmes. C’est avec une infinie délicatesse que Sylvie Germain évoque la quête de soi de chacun des personnages autour de la figure absente d’un père, époux, fils ou neveu, tragiquement disparu. Puis intervient un mystérieux Père Noël de grand magasin blessé par la vie. Au fil de ce roman tout en contradictions, inscrit dans l’Histoire comme Magnus, prix Goncourt des lycéens (NB août-septembre 2005), chacun, adulte ou enfant, a son lot de rêves, d’étrangeté, de ruptures et de deuils, de blessures prêtes à se rouvrir.
Grâce à un style inoubliable par son phrasé fluide et coloré, à la fois musique et peinture, nous voici entraînés après bien des méandres au cœur des tragédies, puis au-delà, vers la vérité et la paix, dans un espace aussi plein, abstrait et dépouillé que ce tableau de Rothko, longuement dépeint par l’auteure, tel une lumineuse conclusion.