La narratrice prend la voix de Marcelle dont elle a trouvĂ© un monceau de lettres adressĂ©es Ă sa mĂšre, Emma. Jeunes filles (1929), Marcelle et Emma se sont follement aimĂ©es. SĂ©parĂ©es par la vie, puis par la tuberculose, elles sâĂ©crivent, Marcelle surtout, si « dĂ©licieusement fantasque » malgrĂ© le sanatorium, les sĂ©jours en montagne et lâomniprĂ©sence de la mort. Claudie se laisse Ă son tour envoĂ»ter par Marcelle, son Ă©criture sensorielle, son Ă©nergie vitale, son amour pour les dĂ©tails de la vie, son anticonformisme. Cette correspondance Ă©claire dâun jour nouveau le comportement dâEmma avec ses sept enfants.  AprĂšs le roman dâEmma, voici celui de Marcelle. Si tous les livres de Claudie Hunzinger ont Ă©tĂ© remarquĂ©s (La Langue des oiseaux, NB octobre 2014), ce dernier revient, avec talent, sur les amours saphiques de sa mĂšre. Sâidentifiant Ă Marcelle, personnalitĂ© hors du commun dont elle sâĂ©tait promis de « faire sentir la vitalitĂ© », lâauteur rĂ©ussit son pari. OriginalitĂ© dâune relation Ă©pistolaire entre deux femmes libres, triangulation des voix parfaitement orchestrĂ©e, sens de lâinsolite magnifiquement soulignĂ© par la musicalitĂ© des phrases. LĂ©ger et tragique, frais et grave, tendre et dĂ©calĂ©, ce roman ravit. (D.D.)
L’incandescente
HUNZINGER Claudie