Après la biographie (Bob Dylan : une biographie, NB novembre 2007), François Bon revient au roman. Le point de départ est l’incendie bien réel du Hilton Bonaventure de Montréal, en novembre 2008. S’y déroulait alors un Salon du livre auquel participait l’auteur. Les dégâts ne furent que matériels, mais en pleine nuit les occupants des chambres durent quitter leurs étages haut perchés et se réfugier dans une patinoire souterraine. Les écrivains français se retrouvèrent coude à coude, avec des familles ensommeillées, des footballeurs baraqués et des vigiles fatigués…
La relation très circonstanciée de ces quelques heures, avec de nombreux retours en arrière, est surtout le prétexte, à travers le labyrinthe horizontal (salons, galeries, couloirs…) et vertical (ascenseurs aveugles, façades vertigineuses…), à s’interroger sur les villes modernes, audacieuses mais identiques, et les temps d’errance et d’attente qu’elles engendrent. Le récit se met lui-même en scène, dans sa fabrication et son architecture. Que dire de cet événement, en fin de compte minuscule, et comment le dire ? C’est presque une expérience in vitro… La lecture est aisée, mais l’expression parfois contournée et qui malmène la syntaxe ne laisse pas de surprendre chez un amoureux de l’écriture.