Dans le cimetière du Montparnasse, un très jeune homme cherche la tombe de sa mère décédée à trente-six ans. Dès le début de ce court récit, dense et sombre, on est immergé dans un long et douloureux pèlerinage. Habités de souvenirs, hantés par « l’oubli qui prend toutes les formes », les chapitres, véritables petits tableaux, défilent au rythme d’une réflexion implacable sur la mort et l’évocation d’une mère morte prématurément. Dans son premier livre, l’auteur-narrateur, petit-fils de Jacques Lacan, tend vers « un magnétisme glacé qui lui sert de boussole » et oscille dangereusement entre deux mondes. Sa souffrance, exprimée dans un style très littéraire, symbolique et poétique, vagabonde dans un entre-deux à la frontière perméable. Il imagine la jeune femme vivante, rompt sans cesse le mur invisible qui les sépare et décrit le lien charnel qui les unit et demeure ancré en lui. Sa grand-mère, dévastée, emmurée dignement dans le chagrin, est un témoin touchant. À lire d’une traite : désespérément beau ! (R.C.G. et B.Bo.)
L’inconnue
ROGER-LACAN Cyril