Peinte à l’âge de huit ans dans une robe qui avait appartenu à une petite-fille défunte d’Henri II et de Catherine de Médicis, Madeleine est née le visage velu, un « héritage » de son père Pedro Gonzalès, envoyé enfant de Tenerife à la Cour. Elle raconte sa vie à Paris, protégée de la reine qui la confie au célèbre chirurgien Ambroise Paré pendant les douloureuses périodes de la peste et de la Saint-Barthélemy. À l’avènement d’Henry IV, elle se voit confiée avec sa famille aux Farnèse qui les emmènent en Italie.
L’accueil du premier homme velu connu dans le monde à la Cour de France qui raffolait des « monstres », son éducation raffinée, son mariage et sa descendance sont historiquement avérés et l’époque dans laquelle il a évolué, solidement renseignée. En revanche, le rôle de premier plan joué par Ambroise Paré et ses liens d’affection avec la jeune Madeleine relèvent de la fiction – tout comme les spéculations sur la filiation de son père – mais donnent l’agréable prétexte de se plonger dans des citations de ses œuvres. Le roman de Mario Pasa, original et séduisant à plus d’un titre, souffre d’une construction compliquée qui n’évite pas les redites, mais l’auteur s’exprime avec une préciosité intentionnellement désuète, et elle ne manque pas de piquant ! (L.K. et A.Be.)