L’insomnie

BEN JELLOUN Tahar

Un scĂ©nariste marocain souffre d’insomnie et dĂ©couvre qu’aprĂšs avoir Ă©touffĂ© sa mĂšre il dort beaucoup mieux ! C’est pour lui une illumination. Il s’emploie alors non Ă  tuer, pense-t-il, mais Ă  avancer lĂ©gĂšrement l’heure d’un trĂ©pas imminent. Chaque meurtre lui procure un petit capital de PCS ou points crĂ©dit sommeil qu’il gĂšre de façon prudente et rĂ©flĂ©chie. Car plus la victime est importante, plus l’acte rapporte de points. Il s’attaque ainsi Ă  diverses « cibles » : dĂ©pressifs, tortionnaires, riches banquiers… 

C’est avec un certain brio et un plaisir Ă©vident que Tahar Ben Jelloun (Un pays sur les nerfs, NB octobre 2017) dĂ©veloppe cette idĂ©e surprenante et farfelue. Il mĂȘle Ă  son rĂ©cit des rĂ©flexions parfois inattendues mais intĂ©ressantes sur son pays, parle de la longueur de ses nuits d’insomnie et de ses angoisses. Cependant, il a beau varier les situations et les scĂ©narios de chacune de ses « interventions », le roman prend un tour inĂ©vitablement rĂ©pĂ©titif. Jusqu’à un Ă©pilogue parfaitement inattendu qui confĂšre Ă  l’ensemble du texte une dimension Ă©trange et plus profonde, laissant Ă  chacun le choix d’interprĂ©ter Ă  sa façon cette sorte de fable sur l’attente de la mort.   (J.M. et M.-N.P.)