En ne gardant que les trois premières lettres de son nom arabe (Samir), Sam Tahar, brillant avocat d’affaires à New York, a réussi à dissimuler son extraction modeste. Une émission sur CNN, un article du Times… et le passé refait surface. Samuel, son ami de jeunesse, le reconnaît et comprend qu’il a emprunté plusieurs éléments à sa propre histoire, notamment ses origines juives. Samuel pousse sa compagne Nina à faire chanter l’usurpateur. Mais l’amour fou qui, autrefois, a lié Samir et Nina resurgit… Des invraisemblances dans les comportements et l’évolution des trois personnages rendent difficile l’adhésion du lecteur à leurs parcours tourmentés et aux nombreux renversements de position dominante entre eux. Seul le sort de Nina, partagée entre deux hommes fait naître l’émotion à la fin du récit. Karine Tuil (Six mois, six jours, NB novembre 2010) écrit une oeuvre ambitieuse qui brasse de grands thèmes : l’identité, le secret, l’imposture, la discrimination, la honte des origines. S’appuyant sur des affaires et des faits de société contemporains, elle ne réussit pas complètement à donner à son roman la dimension tragique et humaine que laisse espérer le titre.
L’invention de nos vies
TUIL Karine