Au dĂ©but du monde il y avait un Ă©pais mode d’emploi – chaque chose y Ă©tait dĂ©finie, un point c’est tout. Un jour, le charcutier contesta la dĂ©finition du mot Boudin. Le cochon qui l’accompagnait, en rogne, dĂ©vora le prĂ©cieux manuel, provoquant le chaos. Comment savoir si l’on enfilait son pantalon par les bras ou par les jambes ? Ou diffĂ©rencier salle de rĂ©union, salle Ă manger et salle de bains ? C’Ă©tait bien embĂȘtant…Le fauteur du trouble, le charcutier, propose la solution : foin du mode d’emploi imposĂ©, chacun va fournir la dĂ©finition qui le concerne et se prendre en main. Philosophique ? Certes, mais mis en scĂšne avec surrĂ©alisme, c’est trĂšs amusant. Le tumulte de collages de photos rĂ©tros fait voisiner un explorateur, casque colonial sur la tĂȘte, assis dans un crocodile, une femme coiffĂ©e d’un champignon, un enfant Ă tĂȘte de vache avec un gĂąteau d’anniversaire (eh oui ! Ă quel Ăąge cesse-t-on d’ĂȘtre un veau ?). Et une autruche pointe sa tĂȘte curieuse, vague rappel d’un certain raton-laveur. Un appel Ă l’autonomie Ă relire pour dĂ©busquer tous les dĂ©tails de l’image dĂ©jantĂ©e.
L’invention du dictionnaire
MARAIS Frédéric, LECOINTRE Jean