Une commune picarde au bord de la Somme. Kévin vit avec sa mère et son petit frère depuis qu’un accident de voiture a causé la mort de son père et l’amputation des jambes de l’enfant. À quatorze ans, c’est auprès de Sami, l’épicier de ce quartier populaire, un réfugié irakien pétri d’humanité, que l’adolescent trouve réconfort et raisons de vivre. L’équilibre est rompu quand Sami fait fortune à la Loterie Nationale…
Martine Pouchain écrit un roman de formation, celle d’un adolescent gravement malmené par sa vie. L’arrière-plan politique et social de ce beau texte associe une lecture des bouleversements politiques de l’Irak à celle de la misère sociale et culturelle d’un quartier pauvre du nord de la France où s’enracinent une xénophobie primaire, une solidarité sans frontière et un vivre ensemble rassurant. Sur cette trame, une intrigue : élément déclencheur du désordre, la soudaine richesse de Sami et sa générosité suscitent méfiance, jalousie et plans malhonnêtes. Ce séisme brutal s’articule à une réflexion de fond intemporelle sur la difficulté d’aimer : qu’on soit adulte ou adolescent, toute éducation sentimentale a son lot d’emballement du cœur, d’incertitude voire d’échecs qui nous construisent. Cette chronique riche de centres d’intérêt divers est portée par le charme d’une langue parlée pittoresque, drôle parfois et sonnant toujours juste. (C.B et A.E)