En 1969, en quête de travail, les parents de Samira, cinq ans, quittent Oran pour la France. Un marchand de sommeil leur loue une chambre où saleté, bêtes et puanteur rivalisent dans l’horreur. La mère sanglote nuit et jour, dévastée par le mal du pays. La famille s’installe en HLM, une lueur d’espérance naît. Samira entre à l’école, en faculté, réussit un concours d’art dramatique. Suivent vingt années de bonheur : elle existe, on la regarde ; l’odeur des planches la grise. Mais les rôles se font rares. Le chômage survient. Elle décide de faire des ménages. La honte. Dans ce premier roman, chronique d’une vie familiale durant quarante ans, l’auteur ose une construction audacieuse très réussie. En petites anecdotes de quelques pages ou quelques lignes, elle parvient à naviguer dans le temps avec aisance. Elle décrit le mal-être d’une mère effacée, déracinée. Puis elle donne peu de détails sur les années trop vite passées pour Samira sur le devant de la scène, beaucoup plus sur sa vie de femme de ménage, son impression de devenir, elle aussi, invisible. L’intensité du récit est accentuée par une écriture talentueuse, réaliste et sans pathos.
L’odeur des planches
SEDIRA Samira