Piero, amoureux de la Sicile, achète vers les années 1980, dans une vallée perdue, une bâtisse qu’il restaure. Les voisins : des paysans, des hommes frustes, des taiseux. Parmi eux, Rosario, qui voit son arrivée avec circonspection jusqu’au jour où, rassuré, il s’arrête et lui conte son histoire. À soixante ans, l’air d’un vieillard, mais robuste, il a survécu à d’étonnantes aventures. Jeune, pour survivre et se marier, il travaille sans le savoir pour la mafia. Puis, militaire, envoyé en Grèce durant la guerre, il déserte et entreprend, sans moyens, un retour vers son foyer, tantôt secouru, tantôt misérable. Un très joli récit et la présentation d’un univers isolé du monde, avec ses silences, ses croyances, ses règles de vie. Piero, le narrateur, porte sur l’entourage un regard bienveillant et n’émet aucun jugement. Devant l’endurance, la droiture et la débrouillardise du paysan, son solide bon sens, il est émerveillé et le compare à Ulysse. Pierre-Yves Leprince (Les nouvelles enquêtes de monsieur Proust, NB juillet-août 2015) raconte cette histoire dans un style vif et soigné avec, en filigrane, des références à la mythologie grecque. (M.F. et V.M.)
L’odyssée de Rosario
LEPRINCE Pierre-Yves