Envoyée à Berlin Est pour participer à un forum, une lycéenne vietnamienne passe à l’Ouest malgré elle, victime d’un jeune Allemand à qui elle a tapé dans l’oeil. Elle échoue par hasard à Paris où, sans argent ni visa, abritée par une prostituée, puis hébergée par une compatriote, elle vit d’expédients. Incapable de communiquer, spectatrice de son sort, elle s’abîme dans les cinémas à voir et revoir sans fin les films de Catherine Deneuve, dont la beauté la captive. C’est le récit d’une obsession, contée par l’héroïne. La description minutieuse des séquences de films y tient une large place et mieux vaut être bon connaisseur de la filmographie de l’actrice pour apprécier la finesse du regard de la malade. L’écriture est factuelle, la construction linéaire. Une grande froideur, à l’image de celle dégagée par la comédienne, baigne cette histoire de fascination à laquelle le lecteur cède malgré lui. Après son très beau et brillant recueil de petits textes (Narrateurs sans âme, NB mai 2001), c’est le premier roman publié en France de cette auteure japonaise vivant en Allemagne.
L’oeil nu.
TAWADA Yoko