L’ogre et sa princesse aux petits oignons

L’ogre Ventrerond est un sang-mêlé, né d’une mère ogresse et d’un père humain disparu, dévoré, dit-on, par sa femme. Dégoûté par l’appétit des ogres pour la chair humaine, il est venu s’installer à Paris. Gourmet, il se concocte de bons petits plats, jusqu’à ce que la pauvreté l’oblige à se contenter de peu. Une lettre providentielle l’informe qu’un concours gastronomique bien doté aura prochainement lieu en pays ogre. Il n’hésite pas longtemps. Dans le car qui le mène chez sa mère, une étrange vieille dame abandonne un livre de cuisine à ses côté. Il y trouve la recette qui devrait séduire le jury, à base de princesse. Recrutée sur petite annonce, celle-ci lui plaît tellement qu’il sent qu’il aura du mal à en faire l’ingrédient de son plat…  L’ouvrage exploite la mode des émissions et concours télévisés de cuisine, dont il reprend le vocabulaire, en l’élargissant, dans des descriptions au lexique riche qui risquent de lasser les non passionnés. On ne peut pas dire que le mélange d’éléments féeriques et de réalité fonctionne de façon convaincante. La fantaisie indéniable des caractères semble tourner à vide, dans une intrigue dont on se demande par moments où elle veut nous mener. Les rebondissements sont rares, sacrifiés aux descriptions culinaires. Le frisson de transgression lié à l’alimentation à base d’humains, et notamment de bébés, des ogres épice un peu un mets que l’on espérait plus goûteux. (M.D. et R.F.)