Chez les ogres on se nourrit de petits enfants, et on aime ça. Aimer, ce verbe trouble Adelaïde, l’ogrionne, car son père dit « l’aimer » et Lionel, son amoureux, aussi. Inquiète, elle perd l’appétit. On interroge divers psy et même l’astrologue : en vain. Adelaïde se prend alors en main et propose des épreuves à Lionel : Ferrer la licorne, Amidonner la chemise de la sorcière, Intimider le diable des rochers, Maîtriser le dragon déglingué… La FAIM revient pour un nouveau régime alimentaire. Et c’est depuis ce temps-là que les ogres ne mangent plus d’enfants.
Ce conte, « à l’ancienne » comme disent les auteurs, travaille sur un double registre. Au premier degré, l’humour noir peut amuser bien avant l’adolescence, tandis que les parents y trouveront des échos à leurs interrogations : faut-il aimer ses enfants pour les garder, les manger, ou les aider à être eux-mêmes ? Le décryptage du thème est facilité par un dessin inventif et savoureux : les personnages, tout en rondeurs, s’étalent sur les pages grand format, caricatures expressives mais pas effrayantes relevées de crayon gras aux couleurs acides. À se mettre sous la dent, pour rire de 9 à 99 ans.