Loin de chez soi

1953, près de Melbourne. Irène et Titch Bobs – un jeune couple avec deux enfants – décident de participer au rallye mythique qui fait le tour de l’Australie. Le remporter serait, selon eux, une excellente publicité pour la concession automobile qu’ils viennent d’acquérir. Ils engagent comme navigateur leur voisin, Willie Bachhuber, enseignant licencié de son collège et du jeu radiophonique dont il était la vedette. La course commence, semée d’incroyables difficultés. Mais à mi-chemin, le destin les sépare…

Dans ce récit en alternance où chacun des « héros » se raconte à son tour, Peter Carey (Le Virus de l’amnésie, Les Notes mars 2016) montre comment ces Blancs d’après-guerre sont confrontés à la vérité sur les horreurs de la colonisation, qui, depuis Cook, a voulu remplacer les traditions aborigènes par le mode de vie anglais. Le jeune couple, confiant en l’avenir et ignorant du passé, comprend mal cette réalité ancienne que le hasard leur révèle. Et celui qui se croit fils d’un pasteur protestant trouve la confirmation de ce dont ses recherches l’avaient averti : l’histoire officielle ment. La rudesse du climat et la violence des habitants s’entremêlent. On est séduit par la variété des paysages et l’originalité des personnages, décrits sans pathos, avec humour et subtilité. Un roman vraiment intéressant. (B.T. et L.K.)