Ofra, trente-quatre ans, partage à Haïfa le lit de son père Moshé depuis longtemps. Avide de sa chaleur, de son affection, de son amour, elle est obsédée par lui, tour à tour tendre, moqueur, voire injurieux pour arriver à ses fins. Un jeu de chat et souris dans lequel la jeune femme, anorexique, a du mal à survivre. Se sentant laide, souillée, elle essaie d’échapper à cette prison sans mur pour se reconstruire, mais elle est détruite jusqu’à l’âme. Sa psychologue est désarmée. Ofra trouve refuge chez sa seule amie, Shez, qui va l’aider. Shez, romancière israélienne et auteur de pièces de théâtre, semble rejouer sa propre vie dans ce roman. L’état d’esprit et la débâcle émotionnelle de son héroïne, victime d’un inceste prolongé insoutenable, sont traduits par des phrases parfois incohérentes et répétitives, images de son déséquilibre psychique face à la perversité et à la manipulation. Dès le début, l’auteur entre dans le corps de la souffrance et traduit avec l’acuité du désespoir la faiblesse de la jeune femme, rongée de culpabilité et de honte. Elle raconte crûment, sans fard, l’irracontable.
Loin de son absence
SHEZ