En 2002, au fond du Caucase tchétchène, un détachement de militaires russes combat un ennemi insaisissable. Un groupe de rebelles lance un raid meurtrier sur leur base. Alexei, jeune journaliste débutant, en est témoin. En représailles, des villageois musulmans sont exécutés et l’institutrice, dont il est amoureux, violée sans qu’il puisse intervenir. Quinze ans plus tard il la retrouve à Istanbul. Une fille est née de ce crime, une adolescente radicalisée qui recherche son père. Veut-elle seulement venger sa mère ? Doit-il l’aider ? La profession de reporter de guerre avec ses dangers domine ce roman puissant et original. Exercée par l’auteur (Moscou Babylone, NB novembre 2013) comme par son héros, elle éclaire avec talent l’intrigue et son écriture d’un réalisme subtil et pénétrant. Le drame se noue avec une sobre efficacité dans la forêt sous la pluie, éclate dans des villages montagnards boueux faits de tôles et de parpaings et se prolonge, inéluctable, dans des banlieues de métropoles grandies trop vite. C’est avec une rare habileté qu’est rendue l’atmosphère oppressante d’une guerre d’embuscades ou que sont scrutées les plaies béantes séparant les personnes et les cultures à l’ère post-soviétique. Un éclairage politique passionnant, des personnages d’une grande vérité, une fiction réussie. (A.Lec. et A.Le.)
L’ombre du sabre
MATTHEWS Owen