L’Ombre du soleil

BYATT A.S.

Été 1953, dans la campagne anglaise écrasée de chaleur. Un couple d’amis vient passer quelques semaines chez les Severell, lui grand romancier peu sociable, elle admirable maîtresse de maison. Pour leur fille Anna, dix-sept ans, tout est difficile. Qui est-elle vraiment, quel avenir peut-elle espérer, comment trouver sa voie quand ses parents ont de raisonnables projets pour elle ? D’ailleurs aiment-ils vraiment ce vilain petit canard ? Leur invité, Oliver, semble impunément jouer les Pygmalion pervers. Deux ans plus tard, Anna, toujours indécise, le retrouve à Cambridge…

 

Ce premier roman de A. S. Byatt (Petits contes noirs, NB mai 2006), ébauché lorsque elle-même étudiait à Cambridge, a été publié en 1964. L’auteure montre déjà une maîtrise exceptionnelle tant dans la structure narrative que dans l’étude aiguë des caractères et des situations. La richesse du vocabulaire et l’acuité du regard donnent naissance à des descriptions vigoureuses et poétiques. Sous les dehors bien policés d’une société respectable se dessinent jusqu’à la cruauté les failles que chacun cherche à cacher – sauf Anna qui refuse les modèles et conquiert difficilement sa liberté. L’ironie, discrète au début, n’épargne rien ni personne. Un grand plaisir de lecture, même si la traduction semble manquer parfois de fluidité.