En 2012, Konstantin Boggosch, alors en retraite, refuse d’être associé à une fête du lycée dont il fut directeur, un événement qui remue des souvenirs enfouis. Il a été un jeune Allemand de RDA, orphelin d’un père criminel nazi, condamné à mort et exécuté avant sa naissance. De son adolescence à sa vie adulte, le dossier secret concernant les agissements de son père a entravé ses aspirations. Dans un roman en un seul chapitre de 400 pages qu’on lit avec le plus grand intérêt, Christoph Hein (Le noyau blanc, NB novembre 2016) parcourt soixante années de l’histoire des Allemands de l’Est. Il le fait dans un style un peu froid, privilégiant le descriptif et le factuel, ce qui se comprend d’autant mieux que l’auteur a connu une situation très proche de celle qu’il décrit et se refuse donc à toute émotion. Cependant, sans être une autobiographie, ce récit est subtilement historique et témoigne du courage et de l’abnégation d’une femme ostracisée par les agissements de son mari et de la volonté d’un garçon confronté à « l’extension aux proches de la sanction ». Attachant, ce roman initiatique se veut un témoignage auquel on adhère sans hésiter. (J.M. et Maje)
L’ombre d’un père
HEIN Christoph