Ăcrit avant Le Temps oĂč nous chantions (NB mai 2006), ce rĂ©cit explore la capacitĂ© de lâhomme Ă sâinventer un autre monde. Richard Powers le situe dans deux lieux que tout oppose et que tout rapproche, deux univers clos livrĂ©s au seul pouvoir de la pensĂ©e humaine. Dans la « Caverne », volontairement extraits de la rĂ©alitĂ©, une graphiste et des informaticiens de gĂ©nie Ă©laborent Ă coups dâalgorithmes lâunivers virtuel de demain ; dans sa cellule Ă Beyrouth, un otage amĂ©ricain Ă©bauche un musĂ©e de sa propre pensĂ©e en Ă©prouvant la rĂ©sistance de sa mĂ©moire.  Outre son Ă©rudition et lâintelligence de son propos, le grand talent de Richard Powers est de maĂźtriser en parallĂšle deux histoires trĂšs Ă©laborĂ©es, sur les deux plans de la vie vĂ©ritable et de la vie rĂȘvĂ©e, oĂč chaque situation fait Ă©cho Ă une autre et dont les symĂ©tries vont peu Ă peu se croiser. La dĂ©monstration est brillante. Agile, dialoguĂ©e, technique et trĂšs visuelle pour la partie « Caverne », elle aborde avec la vĂ©ritĂ© bouleversante des tĂ©moignages le complexe face Ă face avec soi-mĂȘme des otages.
L’Ombre en fuite
POWERS Richard