Arnaud a eu un accident, il est dans le coma. Pour ClĂ©mence et Vincent, ses plus proches amis, au choc succĂšde le temps oĂč tout espoir dâamĂ©lioration sâĂ©vanouit. Tour Ă tour, ils tentent par leur prĂ©sence de stimuler ce qui reste de vie chez le blessĂ©, mais finissent par prendre les dispositions appropriĂ©es Ă son Ă©tat. Entre la cruautĂ© du prĂ©sent et ce passĂ© en train de disparaĂźtre, chacun Ă©voque les lieux et les circonstances quâils ont connus autrefois ensemble.  Câest par le miracle de la seule Ă©criture que se reconstitue cette sorte de « nous » amical fort, Ă deux et mĂȘme trois voix intĂ©rieures. Sobre, Ă©lĂ©gante, une belle langue, aux amples dĂ©veloppements dĂ©pourvus dâartifices, en traverse les contours volontairement imprĂ©cis. Tel regard ou mouvement, telle expression, telle ligne de toits ou dâhorizon, tel jeu dâombre et de lumiĂšre y est scrutĂ© avec une minutie faite de pures sensations. De cette multiplicitĂ© de nuances du souvenir, lâauteur (Le SĂ©jour Ă ChenecĂ©, NB juin 2012), amoureux du temps, fait naĂźtre une mĂ©ditation dĂ©licate sur la solitude, lâamitiĂ© parfois aveugle, les lieux singuliers… Il ne se passe presque rien. La poĂ©sie se substitue au deuil. (A.Lec. et M.Bo.)
L’ombre s’allonge
GOUX Jean-Paul