L’ombre s’allonge

GOUX Jean-Paul

Arnaud a eu un accident, il est dans le coma. Pour Clémence et Vincent, ses plus proches amis, au choc succède le temps où tout espoir d’amélioration s’évanouit. Tour à tour, ils tentent par leur présence de stimuler ce qui reste de vie chez le blessé, mais finissent par prendre les dispositions appropriées à son état. Entre la cruauté du présent et ce passé en train de disparaître, chacun évoque les lieux et les circonstances qu’ils ont connus autrefois ensemble.  C’est par le miracle de la seule écriture que se reconstitue cette sorte de « nous » amical fort, à deux et même trois voix intérieures. Sobre, élégante, une belle langue, aux amples développements dépourvus d’artifices, en traverse les contours volontairement imprécis. Tel regard ou mouvement, telle expression, telle ligne de toits ou d’horizon, tel jeu d’ombre et de lumière y est scruté avec une minutie faite de pures sensations. De cette multiplicité de nuances du souvenir, l’auteur (Le Séjour à Chenecé, NB juin 2012), amoureux du temps, fait naître une méditation délicate sur la solitude, l’amitié parfois aveugle, les lieux singuliers… Il ne se passe presque rien. La poésie se substitue au deuil. (A.Lec. et M.Bo.)