L’or des rivières

CHANDERNAGOR Françoise

Françoise Chandernagor, dont on connaît le goût pour les fresques historiques (Le goût des cendres, Les Notes novembre 2022), revient dans un somptueux récit autobiographique sur les terres de son enfance, la Creuse et plus précisément la Haute-Marche, qu’elle n’a jamais vraiment quittées puisqu’elle a choisi d’y acquérir un domaine. Pour célébrer la sauvage beauté d’un département méconnu, elle recense toutes les particularités géographiques d’une région remarquable par ses reliefs tourmentés, ses rivières aux eaux pures, ses lacs, ses étangs et ses chemins noirs, dans une langue poétique et ciselée. Il lui plaît de retracer l’histoire de ses aïeux, migrants comme tant d’autres, ces ouvriers du bâtiment fiers d’édifier dans leur région d’origine d’humbles maisons. Elle émaille son récit d’expressions du patois local et chérit le souvenir des « gens de peu » qu’elle a côtoyés et dont elle explique la déchristianisation, l’adhésion à La Libre Pensée et les choix politiques, parfois radicaux. Si la romancière se veut accueillante dans une région désertée, elle n’a pas de mots assez durs pour fustiger les zadistes qu’elle assimile à de vulgaires colonisateurs. Une magnifique ode à la Creuse qui laisse poindre une grande mélancolie et une inquiétude certaine, quand elle songe aux effets destructeurs du réchauffement climatique sur ses chers arbres. (A.K. et P.L.)