L’orchestre vide

BEREST Claire

C’est à un festival de musique de pointe, les Eurockéennes de Belfort, qu’a lieu l’improbable rencontre, un flash entre Alma la jeune étudiante en lettres et John l’étoile montante du rock canadien. Ils se retrouvent plus tard en Bretagne. Dès lors, Alma accepte de le suivre dans ses tournées outre-Atlantique, encensées, exposées et standardisées. Fusionnelle, subjuguée, elle emprunte et partage la vie de John, sa route, son rythme, son staff, son écriture et bientôt cette scène qui le grise. En se découvrant, contre toute attente, une voix, a-t-elle découvert sa voie, ou une imposture ? C’est encore d’amour, cette fois sous influence, que Claire Berest (Mikado, NB février 2011) traite ici. L’auteur a vécu une histoire avec un chanteur canadien et rencontré les noms mythiques de la musique. Sa propre vie inspire vraisemblablement le roman: les descriptions de l’atmosphère survoltée des festivals et des journées mornes, minutées, marginalisées, décalées et épuisantes des tournées portent l’estampille de moments vécus. Cette tranche de vie où ivresse et inanité alternent, précédant l’érosion des sentiments, est plutôt qu’un roman un témoignage sensible, lucide et documenté qui pourrait inspirer un scénario.