L’Orientaliste : l’énigme d’une vie étrange et dangereuse.

Stupéfiante vie que celle de l’écrivain de langue allemande, Lev Nussimbaum ! Né Juif dans une famille riche, à Bakou en 1905, à quinze ans il émigre en Allemagne, après maintes péripéties, avec son père pour échapper à la révolution bolchevique. Fasciné par l’Orient dès l’enfance, il se convertit à l’islam à dix-sept ans et se fait passer pour un prince musulman. Sous le nom d’Essad Bey, il signe de nombreux articles et livres qui dénoncent les excès du bolchevisme. Sous le pseudonyme de Kurban Saïd (voir dans ce numéro, p.697), il écrit en 1937 un roman à succès, Ali et Nino, une histoire d’amour en Azerbaïdjan entre une chrétienne et un musulman. Il meurt ruiné en Italie en 1942.  Ce livre foisonnant d’un Américain de cinquante-deux ans est à la fois la biographie d’un être étonnant et une enquête sur ce monde chaotique que fut l’Europe d’avant-guerre. En dépit de l’amoncellement des informations, des personnages et des sources, la vie palpitante et énigmatique de cet être peu banal, s’essayant à vivre dans un monde en pleine révolution, est restituée de fascinante façon.