Automne 1996, lors d’une révolte ouvrière, un incendie détruit une partie de l’usine lorraine de Daewoo. Simultanément, la privatisation de Thomson est l’enjeu d’une lutte entre le géant Alcatel et Matra alliée au coréen Daewoo auquel serait cédée la filiale convoitée Thomson Multimédia. Contre toute attente, le gouvernement choisit le second repreneur. Atterrée, l’équipe présentant le dossier Alcatel flaire une procédure viciée par la prévarication et un délit d’initiés. Encouragée en haut lieu et prête à utiliser le chantage, elle envoie officieusement enquêter en Lorraine un ancien policier qui découvre que l’usine n’est qu’un décor masquant d’énormes transferts de fonds illicites. La corruption est présente à tous les niveaux, du cadre le plus élevé à l’ouvrière modèle séduisante, et les gangsters ne reculent devant rien (faux témoignages, crimes).
Imaginé à partir d’une affaire réelle, ce thriller passionnant est aussi noir que les précédents romans de l’historienne (Nos fantastiques années fric, N.B. déc. 2001). Mécanismes financiers complexes mais clairement démontés, subtiles manipulations politiques explicitées, personnages cyniques finement croqués composent un cocktail terriblement efficace, malgré certaines scènes inutilement sadiques.