Un animateur d’une société d’études de marché manipule un panel de consommateurs avant d’être court-circuité par ses supérieurs. Un homme confesse à son psy être un imposteur, mais plus il essaie d’impressionner les autres, moins il s’estime. Une femme victime d’une chirurgie esthétique ratée cherche à être dédommagée. Les médias s’agitent autour d’un « artiste » malgré lui qui réalise avec ses selles de petites oeuvres d’art… Ces huit nouvelles de David Foster Wallace (La fonction du balai, NB décembre 2009), auteur culte américain peu connu en France, plongent le lecteur dans un univers oppressant, dominé par les médias, dans des situations absurdes où se débattent des individus fragiles. L’intitulé de la nouvelle éponyme révèle le fil commun entre ces différentes histoires de personnages qui cherchent à oublier par tous les moyens leurs difficultés relationnelles, leur errance, leur mal de vivre. Le texte fourmille de détails minutieux et ironiques, de nombreuses et longues digressions qui épousent l’inconscient et l’imaginaire humain comme autant de flashes intuitifs ou raisonnements logiques. L’auteur – qui s’est suicidé en 2008 – manie la dérision, la satire, l’humour corrosif. Son recueil, souvent sombre, à l’exception de la dernière nouvelle, parfois sibyllin, est surtout insolite. (L.G. et M.-N.P.)
L’Oubli
WALLACE David Foster