Un homme se rĂ©veille un matin : il a perdu un mot. Le retrouver devient une obsession. Il est aussi dĂ©stabilisĂ© quâun comĂ©dien sans texte. MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste et psychiatre ne lui offrent pas de clefs. Ce mot aurait appartenu Ă un rĂȘve. Sa quĂȘte le mĂšne sur une Ăźle oĂč lâocĂ©an fait la part belle aux mirages et fantĂŽmes. Ce mot ne serait-il pas plus exactement un nom ?   Dans un rĂ©cit qui relĂšve autant de la fable que de la rĂ©flexion philosophique, Philippe Forest revient sur le long travail de deuil en explorant les frontiĂšres entre lâoubli et le souvenir. Cet auteur (Crue, NB novembre 2016), nĂ© Ă l’Ă©criture au dĂ©cĂšs de sa fille, met le langage au centre de sa thĂ©rapie, dans un roman mĂ©ditatif et brillant qui Ă©chappe Ă toute classification. Traumatisme originel, la perte devient fondatrice dâune narration fragmentaire qui progresse par associations dâidĂ©es, oĂč temps et personnages se tĂ©lescopent : rĂȘves et rĂ©alitĂ© se confondent. On oscille entre deux histoires sans lien apparent, mais qui permettent des digressions conceptuelles sur lâart ou la mĂ©moire. Si lâon accepte de se laisser dĂ©stabiliser par ce flou temporel et factuel, lâĂ©criture poĂ©tique et dĂ©licate opĂšre le rĂ©sultat escomptĂ© : la renaissance. (S.D. et Maje.)
L’oubli
FOREST Philippe