À Vienne, en Autriche, Madame Binar, quatre-vingt-trois ans, s’arc-boute pour rester dans l’appartement qu’elle habite depuis l’enfance, malgré les accidents de santé, l’incompétence des services sociaux et les intimidations de Willi, propriétaire de l’immeuble. Fortuitement, elle apprend qu’une certaine Elisabeth et Alexander, son ami russe, détiennent un dossier compromettant pour Willi. Déterminée, elle se lance à leur recherche. Les obstacles sont nombreux, mais Lucia est obstinée.
Au croisement des cultures russe et germanique, Vladimir Vertlib (L’étrange mémoire de Rosa Masur, NB mars 2016) nous entraîne avec drôlerie dans une Vienne contemporaine sous tension, symbolisée par un quartier dont les habitants déboussolés, en perte d’identité, se laissent embobiner par un charlatan spirite venu de Russie. Aigrefins sans foi ni loi, paumés rongés par leur mauvaise conscience et victimes assoiffées de vengeance dansent une ronde endiablée autour du personnage central de la vieille dame qui cache elle aussi un secret derrière ses airs raisonnables. Le crescendo vers l’irrationnel et le bizarre passe par une série d’événements imprévisibles, de rencontres improbables, de confessions inattendues. Un tourbillon d’histoires incidentes, malicieuses ou touchantes, fait naître une alternance tragi-comique entre enthousiasme et profonde tristesse, larmes et éclats de rire. (T.R. et M.-C.A.)