En faisant des recherches pour La princesse de Mantoue (NB octobre 2002), Marie Ferranti aurait dĂ©couvert une « Vie de Lucie de Syracuse » d’un contemporain de la sainte, HĂ©liodore de Sicile : elle la traduit et la publie ici. Cette vierge, de famille aristocratique, s’y montre sous un jour peu catholique ! Orgueilleuse, cruelle, fourbe, follement obstinĂ©e, elle utilise sa conversion Ă la religion chrĂ©tienne persĂ©cutĂ©e pour donner d’elle une image exaltante. Elle fut dĂ©noncĂ©e, jugĂ©e et brĂ»lĂ©e, son impassibilitĂ© força l’admiration et alimenta le culte chrĂ©tien, bientĂŽt triomphant aprĂšs l’avĂšnement de l’empereur Constantin.  L’histoire se dĂ©roule en allers et retours, riche en songes, stratagĂšmes et trahisons, dĂ©crivant rites de mariage et banquets, vie quotidienne dans une âvillaâ romaine ou un lupanar urbain. La traductrice a-t-elle comblĂ© de son Ă©rudition les manques du manuscrit ? La vie des premiĂšres communautĂ©s chrĂ©tiennes est plus rapidement Ă©voquĂ©e, Ă travers les rumeurs de l’Ă©poque: le narrateur dĂ©teste ces dĂ©molisseurs des antiques traditions. Cette lointaine enquĂȘte (HĂ©liodore aurait interrogĂ© l’hĂ©roĂŻne et son entourage) offre un curieux envers, rarement aperçu, de l’hagiographie chrĂ©tienne. Ainsi s’Ă©crivent les Histoires et se forgent les lĂ©gendes…
Lucie de Syracuse.
FERRANTI Marie