L’un l’autre

STAMM Peter

Un matin comme les autres, Thomas passe le seuil de sa porte. Comme chaque jour, il a embrassé sa femme et ses deux jeunes enfants. Mais au lieu de prendre l’itinéraire habituel vers son travail, il évite le centre, s’engage dans des chemins ruraux peu fréquentés et pénètre dans la forêt. Il marche vers le sud. Il ne rentrera pas le soir ni le lendemain. Que fuit-il ? Reviendra-t-il un jour ?

  Des motivations de Thomas nous ne saurons presque rien. C’est l’opiniâtreté avec laquelle il s’éloigne à pied de sa famille qui nous en apprend le plus. La véritable héroïne de ce court roman de l’auteur suisse (Tous les jours sont des nuits, NB octobre 2014), c’est la marche : elle indique le changement de route, installe l’insolite puis l’inquiétude au coeur de l’ordinaire ; elle encore qui impose son rythme au gré d’une succession infinie de paysages ; c’est avec elle qu’on affronte la pluie, le froid, la nuit, le danger. La clé de l’histoire se dévoile, dans un style lumineux dépouillé de tout artifice, dans le contraste entre une nature imprévisible, âpre, solitaire et la banalité d’une vie rangée. (A.Lec. et A.Le.)