L’Une contre l’Autre

OHAYON Sylvie

Gabrielle s’est suicidĂ©e et observe, depuis un autre monde, sa famille qui vit dans une citĂ© en banlieue parisienne : son pĂšre, renfermĂ©, inconsolable de la mort de sa femme, et sa soeur, une Ă©cervelĂ©e Ă©prise de Younes, Kabyle cynique et beau qui la mĂ©prise. Une enfant leur est nĂ©e, Mani : elle encombre sa mĂšre, qui ne lui manifeste qu’indiffĂ©rence ; son gĂ©niteur la maltraite. Gabrielle suit avec angoisse le parcours de sa niĂšce et tente de la protĂ©ger. La fillette, secourue par des voisines charitables, cherche en vain l’amour de sa mĂšre. Une demi-soeur s’accroche Ă  elle. Ce roman dĂ©crit une sociĂ©tĂ© Ă©troite oĂč sĂ©vit le racisme. L’auteur (Bonne Ă  (re)marier, NB avril 2014) oppose une Gabrielle gĂ©nĂ©reuse et rĂ©flĂ©chie Ă  une soeur au coeur sec, dans un milieu assez justement peint. On s’étonne que les hĂ©roĂŻnes, lectrices de Stendhal et de Proust, s’expriment parfois dans le mĂȘme langage vulgaire et cru que les autres personnages. MalgrĂ© l’invraisemblance, le lecteur peut se laisser sĂ©duire par ce scĂ©nario nourri de poncifs et de bons sentiments, conte noir destinĂ© Ă  faire pleurer qui vire ensuite au rose sans convaincre. (M.F. et C.Bl.)