Annie Ernaux, écrivaine, a un cancer du sein. Marc Marie vient de quitter une femme. Meurtris tous les deux, ils s’aiment très vite, en dépit des contingences cruelles du traitement oncologique. Annie propose à son compagnon de photographier, après l’amour, les lieux où ils vivent, dans leur désordre suggestif. Puis, chacun de son côté commente les clichés. De ce double journal surgit l’histoire de leur amour, et du rétablissement simultané d’Annie. Les photos témoignent de la hâte avec laquelle on abandonne les reliefs d’un repas et ses vêtements avant de faire l’amour. L’intérêt vient de leur transcription poétique, des deux points de vue et de la différence d’écriture. A., très conceptuelle, réinterprète les tableaux, dans un style incisif et dérangeant. M. a une approche plus prosaïque et explicite.
Comme d’habitude, Annie Ernaux utilise l’exhibitionnisme écrit pour provoquer une réaction du lecteur et générer sa propre guérison, (qu’il s’agisse de la fin d’une passion, du poison de la jalousie, de la mort d’une mère ou de la maladie).