1919. Dans une Italie dépossédée de sa victoire, se forment des groupes de soldats démobilisés, de chômeurs, d’étudiants et d’artistes qui contestent violemment le Traité de Versailles. À Milan, un ancien journaliste socialiste, Benito Mussolini, fonde les « Faisceaux de combat » qui ciblent ouvriers et paysans. La guerre civile déchire le pays et il faut attendre la « marche sur Rome » en 1922 et la prise du pouvoir par le Duce pour qu’un régime autoritaire mette fin au cycle des violences.
Premier tome d’une trilogie monumentale, l’ouvrage est présenté par Antonio Scurati (Une histoire romantique, Les Notes novembre 2014) comme un « roman documentaire » construit sous forme de courts chapitres suivis de brefs documents véridiques (citations diverses, procès-verbaux…). L’inextricable écheveau de la politique intérieure de l’époque et les tortueux calculs de Mussolini pour la manipuler s’éparpillent en dizaines d’acteurs et de lieux rendant parfois la lecture ardue. Les portraits de personnages véridiques alternent avec des chroniques qui rendent l’ensemble plus proche du journalisme que du roman. Cependant, on ne peut qu’être séduit par le travail imposant – 860 pages ! – de l’auteur autour de la personne de Mussolini, ce qui le rendrait parfois séduisant à défaut d’être sympathique. Néanmoins, l’œuvre est surtout destinée aux férus d’histoire, qui se sentiront privilégiés d’avoir assisté à la naissance de « l’enfant du siècle ». (L.De.)