À Alger, dans la chaleur brûlante d’août, une cifilisi (femme non voilée), venue de Nantes, se recueille sur la tombe de sa mère et lit le Coran. La présence, un peu incongrue, d’un escargot « en visite » dans le cimetière, va prendre une étrange importance dans le subconscient de la jeune femme. Elle reprend ses habitudes algéroises, ses itinéraires et ses amitiés, mais un mal insidieux la ronge. Née à Gaza en 1958, professeur d’arabe à Nantes, l’auteur (La maison du Néguev, NB avril 2011) revient sur son parcours de déracinée. En de multiples chassés-croisés entre passé et présent, elle évoque l’Alger d’autrefois. Elle rend compte de son départ de Palestine après la « mossiba » (la catastrophe) : la création de l’État d’Israël en 1948. La révolte tapie en elle s’enflamme, les mots perdent une certaine grâce poétique et sombrent parfois dans un lyrisme exacerbé. Ils deviennent durs, violents même, pour exprimer la spoliation et surtout l’exil. Car au contraire de l’escargot qui n’abandonne jamais sa maison natale, l’exilé ne peut « faire partie intrinsèque » d’un autre lieu que le pays d’enfance. Un récit qui ne laisse pas indifférent.
Ma mère, l’escargot et moi
EL KENZ Suzanne