Dans une maison qui semble coupée du monde, une enfant aux marges de l’adolescence est attirée par une panthère noire qui rôde aux abords de l’habitation le soir venu. Le simple regard jaune du fauve aux aguets agit comme un aimant sur la jeune fille, qui suit la bête dans la forêt, le jour où sa mère lui annonce leur déménagement. La dualité de l’être humain est symbolisée par la panthère, avec son côté sauvage, mais aussi par la « soeur », le double. Les animaux « de pouvoir » sont des serviteurs de l’âme pour chaque enfant. Ici, le fauve est un soutien pour celle qui va progressivement passer de l’enfance à l’adolescence. Il lui donne l’audace de franchir des seuils pour s’ouvrir sur l’extérieur et acquérir la confiance. L’exil est sous-jacent, et le rappel de sa grand- mère permet à l’enfant de retrouver sa mémoire profonde. La silhouette féminine rouge en osmose avec la fourrure noire suggère une forme de sensualité en éveil chez l’adolescente. La pensée est imprégnée d’une immersion dans une nature à la fois belle et mystérieuse, où tous les sens sont sollicités. L’auteure, philosophe et ethnologue, offre de nombreuses pistes pour ce texte original, d’une belle écriture, à l’illustration inspirée. Elle nous ouvre la voie du chamanisme qu’elle connaît bien. (M.-C.D.)
Ma panthère noire
SIBRAN Anne, GAMON Caroline