Un dĂ©tenu raconte sa vie Ă son compagnon de cellule : annĂ©es 1970, Chamkhaleh, un village au bord de la Caspienne. Chaque annĂ©e la belle, magnĂ©tique, insaisissable Niloufar, sa cousine, y revient en vacances, attirant une nuĂ©e de soupirants. Amoureux dâelle depuis toujours, lâadolescent met Ă profit son lien de parentĂ© pour monnayer avec eux l’insigne faveur de lâapprocher. Survient la rĂ©volution islamique et, avec elle, lâĂ©clatement mortifĂšre du groupe. Lui Ă©volue vers la dissidence, influence Niloufar qui devient une farouche opposante.
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  Javad Djavahery fait le choix heureux du ton intime, sincĂšre, sans concession. Impitoyable, le narrateur dĂ©voile comment toute sa vie, y compris son adhĂ©sion politique, nâa Ă©tĂ© que mensonge. Dans cette pathĂ©tique confession, il se dĂ©crit comme un imposteur, un lĂąche, impermĂ©able Ă tout sentiment de culpabilitĂ©, aveuglĂ© par sa passion, son seul but Ă©tant de se construire une lĂ©gende pour attirer celle quâil adulait. Le rĂ©cit, aux accents magnifiques et nuancĂ©s, est habilement coupĂ© de vibrants leitmotivs Ă©voquant le caractĂšre inqualifiable de ses traĂźtrises â jusquâĂ la derniĂšre, irrĂ©parable â rappelant la vanitĂ© hypocrite du pouvoir, lâambiguĂŻtĂ© des engagements, de la clandestinitĂ© et la mutation terrifiante du pays. Un livre intense et prenant. (M.-N.P. et C.R.P.)