Ce grand album rectangulaire se présente comme une sorte de journal de bord des relations de deux soeurs, Lorna et Liette. Il pointe d’un doigt amusé chamailleries et parents exaspérés, rosseries et remords, et front uni si l’une d’entre elles est attaquée.
Le parti pris, original, de l’image n’est pas de montrer ce que dit le texte, mais ce qui se passe dans la tête de l’une ou l’autre. On ne verra pas le beau poster gribouillé de la grande soeur, mais il faut trouver la petite phrase écrite sur le drap de Liette « j’aurais peut-être pas dû ». Quand Lorna avertit fielleusement que Liette a vomi sur ses chaussures neuves, sur la page de gauche, elle regarde de jolie bottines s’en aller à l’horizon de ses rêves.
Mais pourquoi l’illustratrice a-t-elle voulu pour cette famille une ambiance si peu chaleureuse ? Les attitudes sont immobiles, posées, les regards souvent distants, la chambre de Liette quasi monacale. L’affection fraternelle est bien là, trop sous-entendue.